01/05/2025
Catégorie: Avant d'adopter
Adoptez en toute connaissance de cause
Vous avez 60, 70, 80 ans et toujours en grande forme ? Parfait.
Et pourquoi ne pas donner une fin de vie heureuse à un chien senior ? C’est une bonne action et un acte d’amour. Mais voyons ensemble les avantages et les inconvénients.
Tout d’abord, commençons par l’agréable, le bon côté de l’adoption :
- Un chien âgé vous témoignera sa reconnaissance de le sortir de la mouise dans laquelle ses anciens maîtres l’ont mis, parfois bien contre leur gré (maladie soudaine, accident, entrée en Ehpad, décès) et de pouvoir quitter l’agitation et le stress d’un refuge où il vivait en box, alors qu’il avait toujours été choyé et cocooné dans son foyer. Si la gamelle est bonne, le dodo confortable et que vous le câlinez, il ne demandera rien de plus.
- Vous n’êtes pas très « joueur » ? Il ne sera plus non plus fan de la « baballe » et du bâton à lancer/rapporter un nombre incalculable de fois et se contentera de regarder calmement ses copains jeunots s’amuser lors des promenades… et ce n’est pas lui qui fuguera et qu’il faudra chercher pendant des heures, côté foufou inhérent aux jeunes chiens
- Les randonnées ne sont plus de votre âge ? Du sien non plus : deux promenades journalières d’une vingtaine de minutes (temps qu’il conviendra d’adapter au fur et à mesure de ses capacités et de son avancée en âge) lui siéront parfaitement et ce n’est plus lui qui tirera sur sa laisse comme un malade. Par contre, il faudra vivre à son rythme et, s’il a envie de sentir une odeur, cela prendra le temps qu’il faudra…
- Il appréciera les siestes et les longues soirées devant la télé, en votre compagnie et, s’il est de petite taille, vos genoux lui plairont beaucoup (et à vous aussi : c’est toujours agréable et réconfortant de caresser une petite boule de poils toute chaude en hiver !)
Voyons à présent les côtés désagréables de l’adoption :
- Un cabinet vétérinaire proche de chez vous sera le bienvenu car, un chien âgé, peut avoir de petits et grands bobos (boiteries, problèmes digestifs ou intestinaux, arthrose (très souvent) et des maladies, chroniques ou pas, plus graves s’installeront au fil des ans).
- Si vous avez des problèmes de dos, comme, hélas, beaucoup de personnes du troisième âge, pensez-y : il peut arriver qu’un vieux chien « s’oublie » à l’intérieur de la maison (à sa grande honte, mais c’est la vie) et il faudra vous baisser pour ramasser les crottes ou essuyer le pipi (et faire attention où vous marchez pour ne pas glisser et vous faire mal !)
- Il est possible aussi, qu’en fin de vie, vous ayez à le soutenir en vous baissant ou à le porter : un chien de petite taille pèse entre 3 et 12kgs. Pour un homme mature, 12kgs, c’est une paille. Pour une dame septuagénaire, avec de l’arthrose dorsale, c’est quasiment mission impossible.
- De même lorsque vous cuisinez (la cuisine est souvent leur lieu favori) ou vous déplacez dans la maison : un animal de compagnie… est un animal de compagnie qui, en général, vous suit partout, au risque de vous faire tomber parce qu’il sera toujours à vos côtés, il faut le savoir et rester prudent
- Pour continuer à vivre en bonne santé, il aura sûrement de médicaments et/ou compléments alimentaires à prendre quotidiennement (à ne pas confondre avec les vôtres) et cela a un coût, parfois élevé. De même que ses croquettes spécifiques adaptées à son âge, parfois plus onéreuses.
- Vous le verrez peut-être descendre vers la fin de vie par paliers (difficultés à se déplacer, affaissement de l’arrière-train, incontinence) et vous inquiéterez : difficile de rester serein au moindre signe qu’il manifestera de dégénérescence. Or, les personnes âgées n’aspirent qu’à une chose : une vie calme et tranquille, ce qui ne sera pas le cas avec un chien dans ses derniers mois.
- Il vous faudra malgré tout prévoir l’avenir et lui trouver parrain ou marraine qui le prendra en charge, si nécessaire : il est vieux, mais vous aussi, qui partira le premier ?
Vous n’êtes pas à l’abri d’un pépin de santé et, si, pour une raison ou une autre, vous êtes dans l’impossibilité de vous occuper de lui, il faudra prévoir un plan B. S’il part avant vous, tant mieux, mais l’inverse peut advenir aussi.
Sachez également que certaines associations sont très strictes et ne retiendront pas votre candidature, même si vous avez un garant, au vu de votre âge.
- Et nous en venons au moment le plus difficile d’une vie à deux : les chiens sont comme les humains : rares sont ceux qui s’endorment le soir, pour ne pas se réveiller le lendemain. Il déclenchera tôt ou tard une maladie et vous verrez que son compagnon à 4 pattes décliner, décliner… et n’en plus pouvoir. Et devoir prendre la décision de l’euthanasie. Il a toute confiance en vous et, pourtant, c’est un service à lui rendre que d’abréger ses souffrances. Le bon moment… ou pas ? Sachez que vous aurez le cœur en miettes, mais qu’il faudra l’accompagner jusqu’au bout : vous en avez la responsabilité et il aura besoin que vous soyez à ses côtés, tous les vétérinaires vous le confirmeront.
Avant de prendre la décision d’une adoption d’un chien senior, soyez conscient qu’il n’est pas là pour des années, deux ans, un an, voire quelques mois seulement et que ce sera très difficile de lui dire adieu… Et, plus on est âgé, plus on est sensible et plus c’est dur, n’est-ce pas ?
A savoir également :
- Voulez-vous simplement adopter un senior ou faire, en même temps, un sauvetage ? Les vieux chiens qui arrivent à l’adoption dans une association fonctionnant avec des familles d’accueil sont plus facilement adaptables : ils ont continué à vivre dans un foyer chaleureux, avec des congénères et des humains adultes et enfants, même si cela est différent de leur vie antérieure, cela reste une vie de famille. Les chiens abandonnés dans des refuges et qui doivent vivre en cage sont plus stressés, ont, pour certains, perdu l’habitude de la propreté et demandent plus d’efforts pour réintégrer un habitat et retrouver une vie « normale ».
- Si vous avez déjà un chien, ce sera peut-être plus facile pour le senior qui arrivera : même si ce n’est pas comme dans sa vie « d’avant », son congénère lui apprendra vite les habitudes de la maison et il se sentira plus à l’aise en compagnie d’un copain. Mais pas forcément nécessaire : certains sont tout de suite à l’aise dans leur nouvel environnement.
- Comme pour tout chien adopté, il faudra un temps d’adaptation : tout sera plus facile pour lui, si vous avez des rituels et des habitudes pour les heures de promenade, de repas, de coucher et lever. Il apprendra vite.
- S’il vient d’une famille d’accueil, avant d’adopter, pensez à poser des questions utiles afin de savoir si votre mode de vie est compatible avec ce qu’il a connu : a-t-il vécu en appartement ou en maison ? A la ville ou à la campagne ? Seul ou avec d’autres chiens (ou autres animaux) ? Aboie-t-il ? Supporte-t-il l’absence ? Quelles sont ses heures habituelles de lever et coucher ?
Alors, pesez bien le pour et le contre avant de vous décider car il n’est pas question de le ramener à l’association ou au refuge sous un prétexte quelconque : s’il doit être à nouveau abandonné, il se demandera bien ce qu’il a fait de mal pour mériter cela et déprimera à coup sûr. Il aura déjà vécu assez de misère et il faudra l’assumer jusqu’au bout quoi qu’il arrive : les seniors le méritent… Réfléchissez bien.
Roselyne de Seconde Chance