Questions que nous avons posées à Marie-Pierre, responsable d’Elios and Friends
Depuis quand votre association existe-t-elle et quelle est la raison qui vous a incitée à la créer ?
J'ai vécu 4 ans au Liban. Les deux premières années, je n'ai rien fait de particulier vis-à-vis des animaux car à l'époque, la condition animale au Liban ne m'a pas particulièrement choqué. A partir de 2019, le paysage a commencé à changer. En raison de la crise économique d'une gravité extrême puis de l'explosion du port de Beyrouth, beaucoup de familles ont quitté le pays, parfois en abandonnant leurs animaux, le plus souvent non stérilisés. Des vagues continues de chatons et de chiots ont alors envahi le pays. J'ai donc commencé tout naturellement à leur venir en aide. C'est ainsi que j'ai développé mon réseau sur place au travers des vétérinaires et de l'association libanaise Adopt Don't Shop. L'association a été créée en 2022.
Vous travaillez avec un refuge libanais ; quelle est la contenance de celui-ci et d'où proviennent ses pensionnaires ?
Nous n'avons pas de refuge. Nous sommes une poignée de bénévoles et nos animaux sont placés dans des familles d'accueil le temps de réaliser tout le processus de vaccination qui leur permettra de rejoindre l'Europe. La plupart de nos familles d'accueil sont de jeunes étudiants libanais. Les animaux sont donc déjà dans des familles et non dans des cages ou des box avant de rejoindre leur famille pour la vie en Europe.
Comment organisez-vous les rapatriements ? Trouvez-vous facilement des accompagnateurs de voyage ?
Nos partenaires de vol sont des personnes qui sont acquises à la cause animale et qui acceptent volontiers de donner un coup de patte lors de leurs voyages réguliers entre Beyrouth et Paris. Ils ont le souci d'aider la cause animale, notamment celle au Liban et se montrent très volontaires.
Les adoptions sont ouvertes à toute l'Europe, mais nous supposons que les adoptants doivent se déplacer à l'aéroport d'Orly pour récupérer leur animal ?
Grâce aux nombreux échanges que nous avons avec les adoptants, nous trouvons toujours une solution ensemble. Nous pouvons faire la moitié du chemin pour rapprocher l'animal de son futur lieu de vie.
Votre association travaille avec des bénévoles : combien êtes-vous ?
Nous sommes une dizaine entre la France et le Liban. Les bénévoles au Liban font un travail de terrain : sauvetage, suivi des soins vétérinaires, lien avec les familles d'accueil. En France, nous pouvons compter sur des familles adoptives qui nous appuient beaucoup, une comportementaliste féline qui intervient dans de nombreuses situations et des éducatrices canines.
Avez-vous également des animaux que vous rapatriez dans des familles d'accueil en France, dans l'attente d'une adoption ?
Oui, tout à fait, nous avons d'excellentes familles d'accueil pour chats sur Paris et une seule famille d'accueil pour chiens (pour du court terme, le temps que la famille adoptive puisse accueillir le chien). Mais il est bien plus difficile de trouver des familles d'accueil pour chiens pour de longues durées.
Le Liban est dans une situation difficile depuis des années, mais particulièrement dramatique en ce moment : comment allez-vous réussir à ramener les animaux qui sont déjà attendus par leur famille et allez-vous arrêter les adoptions, pour une durée indéterminée, dans l'attente de jours meilleurs ?
Malheureusement, depuis le 23/09/2024, la guerre change considérablement notre travail. Une seule compagnie aérienne permet de quitter Beyrouth et les places pour les animaux dans les avions sont très limitées. Nos protégés sont donc bloqués pour le moment, le temps que les bombardements cessent et que l'aéroport puisse de nouveau opérer de façon nominale.
Certaines familles qui avaient craqué sur un animal attendent patiemment son arrivée tandis que d'autres s'en détournent, malheureusement. On s'attendait à ce que les gens soient solidaires de ces animaux en proie à la guerre…
Quel est votre plus beau souvenir d'adoption ?
Le plus beau souvenir d'adoption reste Oscar. Il avait été retrouvé des jours après avoir été percuté par une voiture en banlieue sud de Beyrouth. Jessica et Karim, les bénévoles de l'association libanaise Adopt Don' Shop, ont toujours dit que ce chien souriait lorsqu'ils l'ont emmené chez le vétérinaire où il a dû être amputé. Aucune famille n'a voulu l'adopter au Liban. J'ai donc fait paraître un article dans un magazine en France et c'est ainsi qu'il a trouvé sa famille à Nantes.
Le chien ou le chat que vous souhaitez mettre en évidence ?
Nous souhaitons mettre en avant Linda. Les chats roux et blancs ne trouvent pas facilement des adoptants car leur physique est souvent jugé comme étant trop classique. Linda fait partie de ces animaux, laissée sur le carreau lorsque sa soi-disant famille a décidé de quitter le Liban. Agée de 18 mois, très câline, Linda préfère être le seul chat de la famille et attend désespérément de trouver sa famille pour la vie.
https://www.secondechance.org/animal/chat-europeen-linda-1287473
Les pensionnaires de l’association https://www.secondechance.org/refuge/paris/elias-and-friends-3328/pensionnaires